Avec Origami Harvest, son nouvel album, Ambrose Akinmusire démontre une nouvelle fois l’ampleur de la liberté créative qui l’anime. A musique disserte, interview intéressante. Le trompettiste américain signé chez Blue Note nous raconte Origami Harvest.
Dix ans que les oreilles se tendent quand Ambrose Akinmusire sort un disque. Lui dont l’écriture est si singulière et peu amène à répondre aux impératifs commerciaux – ses titres oscillent entre les 3 minutes radiophoniques (et même là…) et les plus de dix minutes très libres ; ceux de Origami Harvest évoluent en des changements d’atmosphères abruptes, comme les mouvements d’une suite en musique classique. Avec ses albums, Ambrose Akinmusire a cette facilité à instaurer une expérience immersive soumise aux éléments constitutifs des mondes absolus qu’il a imaginé. Anxiogène, agitée, sa dernière création est, une fois de plus inspirante et confirme, s’il le fallait, qu’il est l’un des musiciens les plus remarquables de sa génération. Rencontre.
Dans quelle mesure pensez-vous que la création de cet album a été différente de votre travail précédent ?
Peut-être que cette fois c’était un peu différent parce que c’était une commande. J’ai conçu ma propre instrumentation mais j’ai été obligé de penser à l’endroit où elle serait exécutée. Ce projet s’est en quelque sorte joliment assemblé, et ce de manière très organique. Kool A.D. est un de mes amis. À l’origine, je voulais Moses Sumney, puis j’ai pensé à Georgia Anne Muldrow. Mais pendant que j’essayais de trouver qui devrait en faire partie, Kool A.D. est venu chez moi, et, assis en le regardant, je me suis dit : « hey, tu veux faire ce projet avec moi ? » Il était tout de suite chaud.
Qu’est-ce qui est arrivé en premier : l’atmosphère, les différents sujets ou la musique ?
C’est vraiment drôle parce que si vous mettez un backbeat sur quelque chose, cela change la perception de tout le monde. Ce n’est pas si différent de ce que j’ai fait, à mon sens. Cela fait un moment que je parle des mêmes problèmes, car ils reflètent ma vie. Mais j’ai beaucoup réfléchi aux extrêmes pour ce disque. Je voulais que cela nous fasse nous sentir extrêmement tendu et mal à l’aise, et je voulais pousser ce sentiment le plus loin possible, jusque dans les régions les plus extrêmes et également à l’opposé de cela.
Vers la sérénité ?
Sérénité… mais avec du mouvement. Quelque chose de « serein » n’englobe pas le mouvement. Donc, l’opposé de l’extrême, peu importe ce que c’est. Je voulais pousser ces deux états ensemble. Mais je ne voulais pas que l’on ait l’impression d’être dans un entre-deux. Cela devait être se faire de manière particulière et, tout à coup, changer d’état. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas de basse dessus. J’ai toujours le sentiment que la basse agit comme une sorte d’entre-deux – entre la batterie et le clavier ou autre chose. Le défi a été le suivant : comment pourrais-je rendre l’ensemble funky sans basse ? Est-ce même possible ? L’absence de basse représente l’absence de milieu, ce à quoi j’ai aussi commencé à penser.
« J’aurais aimé ne pas avoir à m’occuper de questions politiques »
Voyez-vous un reflet de la société dans cette idée ?
Pas tellement dans la société. Mais si nous voulons en parler politiquement… c’est le premier album que je fais depuis que je suis retourné là où j’ai grandi. Et cela a été une véritable excursion parce que je suis toujours confronté à certains problèmes politiques relatifs à Oakland. Et en même temps il y a la gentrification ; mais le truc, c’est que j’en fais partie. Vous savez, j’ai acheté une maison, j’ai un peu de succès… Je suis passé par tous ces moments confus, et cela peut aussi être une affaire politique.
Mais pour chaque album que je sors, les gens veulent parler de politique. Oui, bien sûr, je fais des déclarations politiques, mais en réalité cela ne concerne que ma vie. Est-ce qu’un Palestinien qui jette une pierre sur un mur est une déclaration politique ? Oui… mais c’est aussi leur vie. Ils ne se disent pas : « laissez-moi faire une déclaration politique ». C’est comme ça. Et j’aurais aimé ne pas avoir à m’occuper de questions politiques. J’aimerais pouvoir parler d’un bel oiseau qui vole dans le ciel et ne pas être inquiet du monde. Mais je vis à Oakland. Et inévitablement, cela a influencé l’album.
Dans « Free, White, 21 », il y a une liste de noms, et entre eux, vous dites que ce n’est pas une chanson de protestation. Que voulez-vous dire par là ?
Quand je dis « ce n’est pas une chanson de protestation », je dis que ce n’est pas si simple. Je vous dis aussi de ne pas la rejeter. Ce n’est pas juste une chanson de protestation. Il ne s’agit pas simplement d’appuyer sur play, puis d’arrêter. Ce sont des vies humaines. C’est ma vie. Et puis, j’en ai assez des musiciens qui utilisent les combats des autres pour faire avancer leur carrière. Tout le monde a déjà fait une chanson de Black Lives Matter et ils ne protestent pas dans les rues. C’est une autre raison pour laquelle j’ai dit ça. J’ai fait ce truc depuis mon premier album Blue Note, avant Black Lives Matter et tout le reste. C’est moi qui utilise une plateforme pour instruire les gens, pour avoir ces conversations.
L’un des plus beaux moments de ma vie a été de jouer à Kiev et que l’on m’a demandé qui était Oscar Grant. J’ai trouvé ça tellement beau. Cela m’a donné l’occasion de parler d’Oscar Grant à tout un public – à Kiev ! Une chose que je ne dis jamais normalement dans les interviews, c’est que, parfois, j’imagine que mon nom est lu à haute voix avec cette liste de noms. J’imagine que quelqu’un d’autre le lit et, malheureusement, c’est une image qui me vient facilement à l’esprit. Le train que je prends chaque semaine passe juste devant l’endroit où Oscar Grant a été tué. Cela joue donc un rôle très actif dans ma vie.
Sentez-vous une progression dans la société ?
Peut-être dans la jeune génération. Chez les adolescents d’aujourd’hui. Ils semblent comprendre et effacer les divisions d’une manière que je trouve vraiment percutante ; et ce aussi bien dans la race, le genre, que dans la société et les problèmes de classes. Cela me donne de l’espoir.
Que pensez-vous des films populaires comme Black Panther, Blackkklansman et des séries comme Atlanta, qui connaissent un succès immense tout en étant basés sur des questions raciales ? Etes-vous content que ces discussions atteignent le grand public ?
Pour moi, c’est comme si on montait le volume d’une radio. Lorsque vous augmentez le volume, vous augmentez les aigus et les basses également. Donc, si la question est davantage discutée dans la communauté noire, c’est peut-être parce qu’il y a eu un conflit intense avec la suprématie blanche, depuis Trump. Si un problème est soulevé, le reste suit. Alors peut-être que rien n’a vraiment changé, mais que tout est devenu plus fort. Et c’est peut-être ce qui doit se passer avant que les choses ne s’améliorent.
Mais je ressens plus de racisme maintenant qu’avant. À l’échelle mondiale, les racistes ont été galvanisés par leurs récentes victoires dans le monde entier. Si vous regardez le Venezuela, si vous regardez le Brésil, partout en Europe… La Russie, l’Ukraine, partout dans le monde, tout est un peu merdique. Il y a 6, 8, ou même 10 ans, je pense que les choses étaient mieux que maintenant. Je suis conscient que c’est un peu nul de dire ça [rires] ! Nous pouvons nous concentrer sur les Blackkklansman et les Black Panthers, mais ces choses sont le produit de tout ce qui devient de plus en plus fort. En augmentant le volume, vous ne touchez pas à l’égaliseur. Or, c’est ce qu’il faut faire faire. Permettez-moi de baisser les aigus, nous avons besoin de plus de basses ici [rires] !
Pour que le changement se produise, il vous faudrait régler les problèmes structurelles !
Bien sûr. Mais, vous savez, je suis optimiste parce que je sais que tout fonctionne par cycles. Avant que les choses ne s’améliorent, elles doivent devenir vraiment merdiques. Donc quelle que soit cette énergie, quelle que soit les soucis, je sais que ça va aller mieux.
« Je veux être dans la matière musicale ou être très haut, afin de vraiment voir ce qui se passe »
Les images dans les paroles sont très viscérales et l’instrumentation véhicule cette même force. Avez-vous déjà pensé à la musique en termes visuels ?
Tout le temps ! Peut-être que j’en avais plus que ce que je fais maintenant. Mais j’essaie d’y penser de manière visuelle et, bien sûr, de manière sonore. Mais que le lieu soit sonique ou visuel, j’essaie de passer d’une vue aérienne à très grand angle avant de plonger dans les profondeurs et de devenir aussi technique que possible. Encore une fois, cela revient à ce que je veux dire par « milieu ». Je ne veux pas regarder la musique d’un point de vue ordinaire. Je veux être dans la matière musicale ou être très haut, afin de vraiment voir ce qui se passe. J’écoute de la musique de la même manière. Que cela soit très fort ou très doux. Pas des trucs du “milieu”. C’est chaud ou froid. Noir ou blanc. Sinon on est dans l’indécision. Je n’aime pas ça.
Mais je suis une personne très visuelle. J’avais l’habitude d’écrire des titres avant même de composer et de méditer sur l’histoire, de manière à penser vraiment aux personnages – à quoi ils ressemblent, comment ils se sentent, ce qu’ils sentent… tout cela avant d’écrire la mélodie. La mélodie s’est matérialisée à partir d’un personnage que j’avais déjà imaginé et avec lequel j’avais déjà interagi. Pour cette raison, je pense qu’à un moment de ma vie, je finirai par écrire des musiques de film. Cela me semble la chose la plus naturelle à faire à ce stade.
Il y a des moments dans l’album où vous ne jouez pas, où vous-êtes juste là, au dessus de la musique. Pourquoi ne pas avoir été plus présent ?
Si vous regardez tous mes albums, je ne joue pas beaucoup de trompette. C’est en quelque sorte la raison pour laquelle j’ai enregistré l’album live au Village Vanguard, sorti l’année dernière. Je me suis dit « Ok, vous voulez que je joue de la trompette, je vais vous donner deux disques live en quartet ! ».
Neuf fois sur dix, je termine la commande et je me dis : « Oh merde, j’ai oublié la trompette [rires] ! ». Si j’oublie d’écrire ma partie, c’est simplement que parfois je ne l’entends pas. Parfois, la trompette ne sonne pas très bien avec les autres instruments que j’aime.
Mon instrument préféré est le violoncelle. Les trompettes et les violoncelles sonnent bien ensemble mais je ne sais pas… Je n’ai jamais dit aux gens que j’étais trompettiste [Rires] ! J’écris, je joue aussi du piano. C’est une autre chose que les gens ne savent pas à propos de moi : je joue du piano depuis plus longtemps que je ne jouais de la trompette et cet album n’a presque pas de trompette ! Si vous entendez un morceau de Ravel [Maurice], vous ne vous dites jamais « Mec, tu ne joues pas du piano » [rires]. Maria Schneider est une excellente pianiste, mais elle ne joue pas du piano dans son big band. Je ne vois pas pourquoi je dois jouer de la trompette !
En tant que compositeur, pensez-vous que les instruments ont différents caractères, différentes personnalités ?
Bien sûr. Et cela change en fonction de qui joue de ces instruments. Dans ma carrière, j’ai eu la chance de pouvoir choisir les joueurs moi-même. Cette musique a été écrite pour le Quatuor à cordes Mivo. Ces gars en particulier. Cette musique a été écrite pour Marcus Gilmore à la batterie et Sam Harris au clavier. Parfois, nous avons des problèmes avec les gens qui essaient de le commander. Ils disent des choses du style « pouvez-vous utiliser un autre quatuor à cordes ? » Et je leur réponds que non, cela ne fonctionne pas comme ça.
Est-ce qu’ils demandent cela parce que ça coûte moins cher [moins de frais de transports] ?
Oui c’est pour ça. Mais j’avais pensé que cet album ne vivrait qu’en studio, que ce n’était pas forcément quelque chose qui nécessitait une tournée. Tout ce que vous publiez n’implique pas nécessairement une tournée ou un cycle d’albums. Parfois, les albums sont juste destinés à être écoutés. Pour cet album, je ne pensais pas du tout le jouer en live quand je l’ai réalisé.
Quel a été le processus avec les paroles ?
À l’origine, je venais d’écrire la musique. Je voulais juste avoir le cadre et créer l’intrigue pour tout ce que Kool A.D. voulait faire. Quand nous avons joué ensemble, cela m’a permis d’avoir des idées des endroits où les paroles pourraient entrer, et il est parti en freestyle. C’était une pièce en freestyle pour lui au début. Mais en ce qui concerne le disque, j’ai pensé qu’il serait préférable de lui faire écrire des vers.
Sa maîtrise de la langue anglaise est tellement profonde, c’est incroyable. Je sais qu’il est devenu célèbre grâce à l’art du rap, où il est question de répétition. Mais je connais le niveau du gars. Il est brillant et je voulais fixer ça. Alors, je lui ai donné le sujet et expliqué le titre du projet et nous sommes partis de là. C’était longtemps avant l’enregistrement.
« Je ne pense pas que la clarté soit le summum de l’expression »
Certaines des significations semblent un peu hors de portée. En tant qu’artiste, essayez-vous de trouver la clarté, ou est-ce plus une expression du désordre ?
Je ne pense pas que la clarté soit le summum de l’expression. Pour moi, il y a autre chose derrière tout ça. Et c’est ce que j’essaie d’atteindre. Et en réalité, cet espace au-dessus de la clarté est l’endroit où l’abstrait commence à se produire. C’est là que l’improvisation commence. Lorsque j’entends parler de scientifiques qui repoussent les limites du savoir humain et s’aventurent dans les confins de l’univers, c’est ce qu’ils ont tendance à faire également. Il s’agit d’expérimentation et d’improvisation à ce stade. Ils doivent émettre des hypothèses pour aller plus loin.
Ils doivent faire abstraction de ce point pour se rendre au prochain endroit. C’est aussi le rôle de l’abstrait dans l’art. Je pense qu’il est difficile de rejeter l’abstrait ; vous pouvez le regarder et penser « ce truc est moche » ou « je ne comprends pas », mais vous ne le rejetez pas. Ça colle avec vous. C’est ça que je cherche.
S’agit-il d’opposer l’engagement actif de l’engagement passif ?
Oui, et j’y pensais beaucoup en faisant l’album. Cela revient aux raisons pour lesquelles je dis que ces chansons ne sont pas protestataires. Nous vivons dans une culture de rejet [imite le glissement sur son téléphone]. Mais si vous y réfléchissez vraiment, les choses qui vous obligent à vous arrêter et à faire attention sont souvent celles qui semblent légèrement floues. Vous cliquez et vous vous engagez. Il faut donc un peu flouter la photo pour que quelqu’un reste là et ramène les gens. Je pense que c’est ça que Kool A.D. et moi-même avons essayé de faire, musicalement.
Parfois, il est difficile de prévoir le début et la fin des pistes. Est-ce un choix ?
J’ai beaucoup réfléchi à ça. Je voulais que chaque pièce ressemble presque à une pièce classique avec des mouvements différents. Je voulais que chacun le vive comme une expérience complète. Mais peut-être pas la piste 4, la plus courte, « Particle Spectra ». Je l’ai pensée comme un seul mouvement. Mais même, peut-être qu’à la fin se termine en deux parties… La plupart du temps, les morceaux ont au moins trois choses différentes, ce qui les fait ressembler davantage à des morceaux classiques.
Lorsque vous composez, essayez-vous de rester à l’écart de certaines phrases et séquences qui vous paraissent assez conventionnelles ?
Non, j’écris exactement ce qui doit être écrit. Donc, si cela doit être parfait, je le fais parfaitement. Le dernier morceau de l’album dure peut-être 6 minutes et c’est super précis. Mais vers la fin, le motif est abstrait, abstrait et encore abstrait, avant de revenir encore une fois à ce qui semble être une déclaration trop claire. C’est ce que la piste demandait et c’est ce que nous avons fait. Je ne veux jamais rien imposer à la musique.
J’essaye simplement d’agir en tant que scribe pour ces choses mystiques que sont l’art et la musique. C’est la partie la plus difficile de la composition : s’éloigner de vos convictions. Parfois, la musique veut que j’écrive quelque chose de vraiment ringard. Mais plutôt que de me retenir, je vais le mettre là-bas. Quand j’ai commencé à écrire l’album, je me disais « Mec, c’est trop répétitif ». Surtout le motif qui s’appelle « dadadadadada » [frappe le rythme sur la table]. Si cela ne tenait qu’à moi, au début, je n’aurais jamais laissé ce rythme aussi longtemps. Mais il fallait qu’il soit là. Je l’ai entendu et donc je l’ai mis sur papier.
« Vous devez vous mettre à l’écart pour laisser la musique vivre »
Si cela ne vous appartient pas, à qui est-ce ?
C’est à la muse. Muse – musique. Je dis toujours ce truc : quand on mourra, elle sera toujours là. C’était ici avant nous. C’est une chose vivante. C’est tout ce que je sais à ce sujet. Ça me parle et ça me vient. Nous le sentons tous ; quand c’est là c’est là. Vous sentez la chair de poule. Cela contourne toutes nos casseroles. L’un des rôles principaux de l’artiste est d’être vraiment à l’écoute. Vous devez vous mettre à l’écart pour laisser la musique vivre.
C’est pour cela que nous jouons. C’est la raison pour laquelle nous l’étudions – pour nous assurer qu’elle ne soit pas restreinte par des défaillances techniques ou par notre égo. Nous acquérons des informations et des compétences pour pouvoir nous laisser aller. C’est la même chose avec le sport. Quand vous entendez des gens dire « j’étais dans le flot » ou « j’ai entendu la première sonnerie puis le match était fini » – c’est le même état.
Comment réagit le groupe lorsque vous leur donnez la partition ?
Je sais que lorsque nous avons commencé les répétitions, ils se sont sentis bouleversés. Ils étaient genre « Oh, merde, ok, tu as vraiment pris ça au sérieux ». Même les directeurs de programme disaient : « Ok, les gens n’écrivent pas tout cela pour juste deux concerts. » Marcus Gilmore se moquait de moi, du fait que j’étais trop sérieux avec ça. Etant donné des mauvaises expériences, je gère maintenant chaque commande de la sorte. Je vais bien au-dessus, cent fois plus que ce que les gens pensent que je devrais.
Regardez Ambrose Akinmusire – Live at Jazzmix Festival NYC sur Qwest TV
Ambrose Akinmusire, Origami Harvest (Blue Note)