Pour son quatrième album en leader, le saxophoniste américain Ben Wendel – également membre de Kneebody – effeuille le calendrier des saisons en s’inspirant d’une suite pour piano de Tchaïkovski et d’un tableau du peintre Lee Krasner. Loin de tout naturalisme descriptif ou d’une symbolique pesante, il s’attache plutôt à la luminosité des jours et des mois.
Est-ce l’acidité nasillarde du sax qui semble renvoyer au chant d’un Garbarek et le style du guitariste Gilad Hekselman peu éloigné des sons du norvégien Elvind Aarset qui font qu’on s’imagine enveloppé de brumes scandinaves ? La section rythmique – le pianiste Aaron Parks , le bassiste Matt Brewer, le batteur Eric Harland – brode avec délicatesse autour des envolées du sax et des éclats de la guitare. C’est nerveux, assez peu romantique ; la mélodie s’inscrit en filigrane dans ce jazz post-moderne. On se laisse séduire peu à peu, à l’écoute, par exemple, de la subtilité de « March », de l’expressivité à la Sonny Rollins de « September », la plage la plus courte, ainsi que d’« October », la plus rock, et de « December », la plus échevelée.
Ben Wendel, The Seasons (Motéma)