Il faut prendre le temps pour écouter ce quatrième album de Blood Orange, aka Devonté Hynes. A condition de laisser la magie opérer. Car si le message de l’album est légitime, il n’est pas novateur. Dépression et identité queer sont omniprésentes dans la musique actuelle. Mais contrairement à la doxa artistique, Dev Hynes ne cherche pas tant à convaincre par l’acuité de ses lyrics qu’il vise à susciter l’émotion à travers la beauté de sa musique.
Le produit artistique n’est jamais fini : « celui qui commence un morceau n’est pas celui qui le termine ». Ainsi en va-t-il de ses multiples collaborations, Puff Daddy, Georgia Anne Muldrow, A$AP Rocky et Steve Lacy. Revendiquant la polysémie de ses textes, l’artiste britannique porte une attention obsessionnelle à l’instrumentation. Riche de son expérience de production, il puise dans des référentiels éclectiques : hip hop, gospel et New Age se confondent sur des morceaux de préférence lents et planants. Il serait dommage de passer à côté du soyeux de Negro Swan, une version moderne de l’opéra dont l’esthétique rivalise avec l’orchestration de Tchaïkovski.
Blood Orange, Negro Swan (Domino)