Difficile pour un rappeur d’oublier sa géographie lorsque l’on vient de Compton. Buddy évite cet écueil : mentionner les deux rues au croisement desquelles il grandit dans le nom de son premier album, c’est déjà prendre de la distance avec la réputation du quartier. Lui se voit comme un « regular nigga on an irregular mission » (« Real Life S**t »).
L’album révèle une envie pressante d’argent mais Buddy est désireux de ne pas tomber dans la célébrité vénale. L’idée a déjà été évoquée par Kendrick Lamar (« Wesley Theory ») et Childish Gambino (« This Is America »), et cela le positionne dans un rap plus conscient qu’il n’est gangster.
Les référentiels musicaux en attestent. Le corpus trap/G-funk incarné par Snoop Dogg et Ty Dolla $ign est largement agrémenté d’éléments jazzy et soul. Buddy mêle invectives rappées (« Black ») et mélodies engagées (« Young ») dont l’authenticité se passent de vocodeur. Le jeune artiste a trouvé sa voix mais n’oublie pas d’où il vient. Harlan & Alondra se clôture sur « Shine », un titre vieux de deux ans qu’il décrit volontiers comme « un gospel de la rue ».
Buddy, Harlan & Alondra (RCA)
Concerts :
- 12 Septembre, Fine Line Music Cafe, Minneapolis, US
- 13 Septembre, Fortune Sound Club, Vancouver, Canada
- 21 Septembre, Cayuga Sound Festival, Ithaca, US