Fatima, And Yet It’s All Love (Eglo Records)
Au croisement des cultures oust-africaine et scandinave, Fatima Bramme Sey est désireuse de faire la musique qui lui ressemble. « You can say what you want about me / but I won’t compromise my vision for anything », susurre-t-elle sur « Take it all ». C’est plus facile à dire qu’à faire dans une ère où la musique semble de plus en plus copiée-collée. Mais la jeune chanteuse réussit à mixer une variété d’influences sans tomber dans l’imitation crasse.
Déjà en 2014 avec Yellow Memories, Fatima avait soufflé un vent de fraîcheur sur la scène soul/RnB. Gravitant autour de l’underground britannique depuis sa rencontre avec Sam Shepherd (aka Floating Points), la musique de la suédoise convoque une énergie qui renvoie plus au breakbeat qu’au swingbeat. Certains parlent de hop-soul, mais Fatima échappe aux classifications.
Si filiation il doit y avoir, elle se trouve dans la lignée d’artistes féminines à forte identité musicale. Exposant une versatilité contrôlée, l’album oscille entre le New Jack de Aaliyah et Destiny’s Child, la neo-soul de Jill Scott et le RnB de Kelis. Dans son expérimentation la plus extrême, Fatima renvoie à l’onirisme de Björk et Kadhja Bonet.
Les textes reflètent cette myriade d’influence : « Attention Span Of A Cookie » fait le bilan d’une relation amoureuse, alors que le titre éponyme qui clôture l’album a des ambitions de grandeurs : « Universe were are you leading me / Help me finish the story of love ». Cette collection de nouvelles sentimentales est facile d’accès et addictif : à consommer sans modération.
Fatima, And Yet It’s All Love (Eglo Records)