Depuis Que résonnent les tambours et Abyss, Jacques Schwarz-Bart assume son identité double de jazzman noir et juif (ses parents sont des écrivains de renom ; André, le père est d’origine juive, et Simone, la mère est guadeloupéenne) ainsi que sa dilection pour la mystique. Hazzan ne déroge pas à la règle même si l’album cette fois quitte le halo vaudou pour mettre le curseur vers la liturgie juive.
Après qu’un rabbin lui ait dit : « Vos notes sonnent comme une prière ; vous êtes comme un hazzan avec votre saxophone « (hazzan étant une autre appellation pour le cantor de la synagogue), il a décidé de monter un cycle autour du jazz et de la hazzanout (l’art de chanter les prières juives).
Le goy n’identifie pas nécessairement que les thèmes relèvent de la liturgie juive, et peu lui importe tant ils semblent s’inscrire dans le champ du jazz. Il relève avant tout qu’il ne s’agit pas d’une mystique fiévreuse et doloriste mais bien plutôt d’un chant apaisé, invitant avec ses circularités à l’élévation de la pensée, à une universalité humaniste. S’il ressent un regret, c’est celui de toujours baigner dans le même registre, et de rester dans l’attente d’un peu d’aspérités et de rupture.
Jacques Schwarz-Bart, Hazzan (Enja / Yellow Bird)