Pour sa contribution à la campagne de Green Peace pour la préservation de l’Antarctique, Kutiman choisit de brosser un portrait sonore du continent mystérieux au lieu de verser dans la plaidoyer. Producteur et multi-instrumentiste, l’artiste israélien donne à écouter une musique tantôt obsédante, tantôt apaisante.
« Terra Australis » ouvre le projet sur plusieurs minutes d’arpèges au piano. Il en faut de la patience pour percevoir le mouvement lent de la nature. L’écho des gouttes d’eau le long des crevasses, le vent qui s’engouffre entre les parois des massifs : tout est restitué par un savant mélange d’instrumentation et d’effets électroniques. L’omniprésence des percussions n’est pas sans rappeler certaines œuvres de Iannis Xenakis, mais on devine surtout une volonté de rendre justice à la nature, plutôt que l’intention rationnelle de s’inscrire dans une filiation musicale. Kutiman se fait ici le porte-parole du continent. Quand le glacier craque dans l’Antarctique, est-ce qu’il fait du bruit si personne ne l’entend ?
Kutiman – Antarctica (Siyal)