Emile Sornin et Cédric Laban sont passés par des groupes de metal, de punk ou de pop avant de se faire connaître à plus grande échelle avec Forever Pavot. La Récré est leur nouvelle aventure : un duo jazz baigné de beats hip hop, de samples et de claviers des années 70.

L’expérience précède les exigences, elle est un tremplin vers le public et des sets bien ficelés pour les aventures naissantes. Ce qu’ont bien compris Emile Sornin et Cédric Laban, sachants baroudeurs d’une décennie : on n’apprend pas aux moustachus à travailler leur image ! Aussi ont-ils vus en La Récré l’endroit d’un laboratoire musical et une opportunité supplémentaire de se créer du travail.

Quand le magazine Gonzaï demande à Emile Sornin des idées de duo pour compléter l’une de leurs Gonzaï Nights à la Maroquinerie, le claviériste invente de toutes pièces l’existence d’un duo avec le batteur Cédric Laban. De ce mensonge naît La Récré, avec un mois pour se créer un répertoire de 30 minutes (Cedric Laban s’étant foulé la cheville la veille, la première date eut finalement lieu deux mois plus tard, à la Maroquinerie, lors d’un concert de Halo Maud). Si le projet n’existait pas encore, l’envie les taraudait depuis quelque temps : naturelle, d’abord, après tant d’années de collaboration ; inspirée, aussi, des aventures de Yussef Kamaal, Thundercat ou Louis Cole et des chemins déblayés par J Dilla, MF Doom et Madlib ou par la Library music des années 70. « Dans les duos de trucs un peu cools en ce moment c’est Yussef Kamaal ! [ndlr: même si le groupe s’est arrêté]. Dans l’attitude, ils ont aussi un truc très hip hop qui nous parle.  », reconnaît Emile Sornin.

 

A la croisée de l’Ina, du jazz et du hip hop

En guise de présentation, La Récré convoque le “jazz punk”, « parce que c’étaient les deux trucs qui n’allaient pas ensemble. », et que c’était une manière d’inclure « le côté sample dégueu  » dans l’équation. Par le recours aux samples de voix, le duo cultive un ton, personnel, et une légèreté, décalée, qui les différencient des références sus-citées !  Héritages involontaires de Forever Pavot, qui titrait notamment son dernier album Pantoufle. Mais ce qui relève certainement d’une marque de fabrique se niche ici dans un travail de la musique nouveau pour les deux compères. Celui du jazz et de l’improvisation, déjà, que Cédric Laban connaissait pour avoir suivi les classes jazz du Conservatoire de Cachan – compétences qu’il ne met pas en pratique avec Forever Pavot et Isaaac Delusion. Et celui du duo, où l’espace à remplir peut soudainement paraître bien grand pour les musiciens. Emile Sornin explique : « Nous avons peu sous la main, et c’est inspirant d’être restreints. Trouver des grooves, ça va ! Mais construire, après, avec autre chose, c’est compliqué ! En plus j’ai tendance à trouver que cela tourne vite en rond, et de vouloir changer ça…  ». Et Cédric Laban de compléter : « Plutôt que de chercher dans la ligne mélodique, ou de rajouter une autre couche mélodique, Emile est amené à changer la rythmique de ce qu’il joue déjà, par exemple. Je suis vaudou, il faut que l’on joue la même chose longtemps. Une fois qu’on a déjà une mélodie et un beat qui sont bien, le laisser durer. »

« Lorsqu’on part tôt en promenade le matin, l’alouette est la première à saluer le lever du soleil. Elle s’élève dans le ciel en lançant son cri joyeux et elle monte si haut qu’elle finit par disparaître dans les nuages », dans « In amore ».

Encore jeune, le projet devrait évoluer. Les premiers pas ont été menés à deux, lors de showcases dans des disquaires parisiens ou d’une résidence à La Petite Halle. Mais cette base, renforcée par le constat qu’à deux il est plus facile de partir en tournée, a vocation à être élargie de collaborations ponctuelles : « L’idée c’est d’inviter des rappeurs, d’autres jazzmen, des solistes, et se présenter comme un duo de producteurs qui compose pour d’autres gens. » Et comme La Récré représente pour eux l’occasion rêvée de bourlinguer à nouveau, les collaborations pourront se faire à l’aune des figures locales des villes de tournée : « Une vie de musicien revient aussi à jouer avec le maximum de gens possible !  », appuie Cédric Laban. La Récré incarne pour ses deux acteurs la perpétuation de cette essence musicienne du mouvement et de l’expérimentation toujours en puissance. On sent un Émile Sornin vibrant, lorsqu’il raconte : « On peut jouer n’importe où, dans un appart, dans une boutique. On peut amener mon système son… On voulait pouvoir jouer dans des endroits atypiques. On n’est que deux, on a ma bagnole, on peut tourner rapidement et facilement. C’est ce qui nous manque maintenant avec Forever Pavot. »


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