Jacob Collier sort Djesse, un nouvel album entièrement enregistré avec le Metropole Orkest et sur lequel figurent des invités tels que Laura Mvula, Take 6, Hamid El Kasri et Suzie Collier.

Ceux qui ont vu Jacob Collier sur scène ont pu apprécier l’énergie du jeune prodige et la facilité qui se dégage de son jeu. A 24 ans seulement, le multi-instrumentiste britannique navigue entre les genres musicaux, brisant au passage les schémas rythmiques et harmoniques préconçus. Car il est bien question d’innovation ici, et le deuxième album du jeune prodige ne déroge pas à la règle.

Dans un TEDtalk fort inspiré, Victor Wooten comparait l’apprentissage de la musique au développement de la parole : « On ne vous pas appris votre langue natale, on vous a simplement parlé. Donc, déjà bébés, vous jammiez avec des professionnels ! ». Ceci est au fondement du génie de Jacob. Né dans une famille de musiciens professionnels, Jacob admet lui-même qu’il chantait probablement avant de savoir parler. Cette spontanéité est également mise en lumière par Gary Burton dans son autobiographie : « Vous ne pensez pas en terme de noms, de verbes et d’adjectifs quand vous parlez à quelqu’un. L’improvisation fonctionne globalement de la même manière. Quand quelque chose donne l’envie de jouer une mélodie, l’inonscient réunit un groupe de notes qui fonctionnent musicalement – une phrase musicale. » Avec Jacob, cette vérité se reflète non seulement dans l’improvisation mélodique mais également dans la création harmonique : il joue de la musique comme il respire.


Fort de cette acuité, c’est au travers de la lentille musicale que Jacob analyse le comportement humain. Prenons le rythme par exemple. Lui le considère comme un corolaire de la parole avec des propriétés culturelles. Les dialectes d’Afrique de l’ouest soulignent l’importance d’un mot dans une phrase par le silence qui le précède. Cela occasionne des espaces qui sont comblés par les interjections d’autres interlocuteurs : tel est le fondement de la polyrythmie africaine. Dans les langues européennes, c’est l’intonation qui accentuera le mot. Cette observation aura permis à Jacob de distinguer les jeux de Bill Evans, traditionnel et millimétré, et de Keith Jarrett, influencé par les musiciens européens de son entourage. Et cet ensemble de considérations, c’est à la lumière du beatmaking non-quantifié de J Dilla qu’il l’analyse.

Clairement, le britannique mange à tous les râteliers et ne s’embarrasse pas des carcans, ce qui explique son rapport ambivalent à la technologie. L’autotune et la quantification des rythmes ? Très peu pour lui, car ces deux procédés enferment la créativité. Mais limité par sa voix unique, il accepte volontiers le « harmonizer », cet appareil électronique conçu par des chercheurs du MIT et qui lui permet d’harmoniser sa propre voix sur scène. Certains verront de l’arrogance dans cette attitude. Il faut plutôt y voir de la candeur. Lorsque Quincy Jones propose à Jacob de produire son premier album, il refuse et lui renvoie la balle : « Pouvons-nous simplement être amis ? ». L’album sera entièrement produit par ses soins dans sa chambre et, judicieusement baptisé In My Room, remportera deux Grammy Awards qui consacrent son ingéniosité et ses qualités d’arrangeurs.


Jacob Collier

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Mais pour son nouveau projet, Jacob change légèrement d’approche. Ce ne sont pas moins d’une quarantaine de morceaux qui ont été triés sur quatre albums, une saga emmenée par son avatar musical : Djesse. Avec les lyrics du premier volume globalement portés sur la découverte du monde, les éléments naturels, et la passion amoureuse, on ressent le désir d’aller à la rencontre de l’autre. Loin du confort de la chambre de Jacob, Djesse s’aventure au-dehors. Artistiquement, cette volonté se traduit par la myriade de collaborateurs qui participent au projet, car l’idée est de présenter la musique dans toute sa versatilité avec une couleur émotive différente pour chaque album. La puissance orchestrale du premier volume (accompagné par le Metropole Orkest) devrait laisser la place à l’introversion, puis l’électronique, et enfin une combinaison de tous ces éléments dans le quatrième opus.

« Home Is », un morceau a capella très planant, ouvre ce premier volume. « Home » c’est également ce sentiment confortable lorsque l’harmonie se résout sur la note tonique de la gamme. Ce n’est peut-être pas une coïncidence, Djesse étant rappelé à la maison dans les lyrics du titre éponyme. Mais dans un environnement musical fertile où ouverture orchestrale (« Ouverture ») donne le relai à la musique gnawa (« Everlasting Motion ») et au groove électronique de « With The Love In My Heart », on se demande à quoi ressemblera le sanctuaire musical de Djesse.

La suite avec le prochain volume, mais les deux reprises haut en couleur de l’album, « Every Little Thing She Does Is Magic » et « All Night Long », nous rappellent d’ores et déjà qu’il n’est pas de musique sans malice avec Jacob.

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