Louis_Cole

La musique, c’est comme une partie de jeux vidéo. En tout cas celle de Louis Cole. Tout y est coloré. Time, son troisième album, approfondit les fondements de cette facétie musicale.

Mais si facétie il y a, elle émane directement de la personnalité du musicien. “I have always just tried to make my own favourite music. As hard as I could. And I guess this is what came out”, nous confie le californien.

La Super Nintendo comme inspiration

Pas question ici de complexifier la musique pour la beauté du geste. A l’image du bonhomme, les lyrics sont légères, des pensées sans filtres qui sont retranscrites telles quelles : “When you’re sexy, people wanna talk to you / When you’re ugly, no one wants to talk to you”. Les écrivains surréalistes français avaient recours à cette écriture automatique. Mais les pensées de Louis Cole sont abreuvées de jeux vidéo plutôt que d’absinthe. “I have played some Mario kart with him definitely” nous raconte-t-il en parlant de Thundercat qui contribue sur « Tunnels in the Air ». La musique de Time est très marquée années 90. Sur « Weird Part Of The Night », on peut entendre la nostalgie d’une période dominée par Sonic et Bomberman, alors que les imprécations de « Freaky Times » évoque les personnages de Street Fighter 2. Les nuits ont dû être longue à s’exciter sur les manettes. Justement, l’insomnie s’invite à plusieurs reprises dans les lyrics : “In the weird part of the night / That’s the time I feel alright” et “Never sleeping always awake” sur les deux titres cités précédemment. On peut comprendre la ferveur qui se dégage de l’album par cet état second symptomatique du manque de sommeil. Mais en dépit de ses nuits mouvementées, Louis Cole n’a pas manqué de discernement.

Ne pas confondre vitesse et précipitation

Le sentiment de vitesse est sûrement la différence principale entre Time et les albums précédents. Le tempo élevé de certains morceaux y est pour beaucoup, mais c’est que ceux-ci sont habilement mis en relief par des compositions beaucoup plus lentes, à l’image de « Everytime », « Phone » et « After The Load Is Blown ». Seul, le planant de ces morceaux aurait fait de cet album un projet de dream-pop analogue à ce que Matty, le pianiste de BadBadNotGood, a sorti cet été. Mais l’hybridité des morceaux invite plutôt la comparaison avec le français General Elektriks ou le duo éclectique The Ting Tings. Ainsi, l’électrofunk fusionne avec la pop, comme sous l’effet d’une centrifugeuse. Avec plusieurs années à son compteur dans l’industrie musicale, Louis Cole a su s’entourer de solides références. Pris sous l’aile de Flying Lotus par l’entremise de Dennis Hamm, pianiste de Thundercat, il invite également Genevieve Artadi avec qui il forme le duo KNOWER. Mais la collaboration la plus remarquable reste celle avec Brad Mehldau. L’auditeur dilettante aura du mal à croire que Louis Cole est batteur de formation jazz. Le jeu du californien se rapproche plus du breakbeat que d’une quelconque mouvance du jazz. Et pourtant, il retiendra deux éléments fondamentaux de cette école du jazz : la liberté et les harmonies.

Les voies du jazz

L’improvisation a toujours occupé un élément central du jazz. Cette liberté, Louis Cole la revendique dans sa musique. Le côté électro de ses compositions peut faire froncer les sourcils, à tort. Prenons exemple sur Giorgio Moroder qui explique, sur le morceau qui lui est dédié par Daft Punk (« Giorgio by Moroder ») : “Once you free your mind about a concept of harmony and of music being correct, you can do whatever you want”. Le batteur du morceau n’est autre qu’Omar Hakim, grand jazzman s’il en est. C’est dire que tous les chemins mènent à cette liberté musicale. Certains classeront Time dans la musique électronique, d’autres dans la pop. La vérité c’est que Louis Cole n’y accorde pas une importance flagrante. Sa réponse est déjà toute trouvée : “Fuck the world and be real cool” (« When You’re Ugly »). Un inclassable donc, et pour cause, sa pop est inhabituellement recherchée. « Everytime » par exemple, expose le sentimentalisme de l’artiste avec intelligence, les changements d’accords se superposant aux lyrics « I’m Way Off », sous-entendu « je ne vais pas bien » ou bien « je joue faux ». Sur « Phone », la progression harmonique est aussi intéressante que les paroles sont creuses (« Learned the names of all your stuffed animals »), induisant une tension qui s’apparenterait presque à de l’intellectualisme artistique.

Heureusement, les clips de l’album sont là pour nous rappeler que rien n’est sérieux. Des pas de danse de « Weird Part Of The Night » aux déguisements scandaleux de « When You’re Ugly », Louis Cole se complait dans le burlesque et nous invite à l’amusement. Une partie de jeux vidéo vous disait-on.


Louis Cole, Time (Brainfeeder)

Louis Cole en tournée :

17 Octobre 2018
Turf Club, St. Paul, MN, US

18 Octobre 2018
Chop Shop, Chicago, IL, US

19 Octobre 2018
El Club, Detroit, MI, US

20 Octobre 2018
The Drake Hotel, Toronto, ON, Canada

25 Octobre 2018
Mercy Lounge, Nashville, TN, US

26 Octobre 2018
Terminal West, Atlanta, GA, US

21 Novembre 2018
Parkteatret, Oslo, Norway

23 Novembre 2018
Islington Assembly Hall, London, UK

25 Novembre 2018
La Machine du Moulin Rouge, Paris, France

28 Novembre 2018
Brighton Music Hall, Allston, MA, US

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