Quand le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima ont dévasté leur pays en 2011, de nombreux Japonais ont serré les rangs en exaltant les traditions fondatrices de la nation. Dans le cas du musicien Katsumi Tanaka, le rétropédalage l’a mené aux chanteuses Hibari Misora (1937-1989) et Chiemi Eri (1937-1982) qui, comme le groupe Tokyo Cuban Jazz à la même époque, devinrent des vedettes en combinant notamment le latin-jazz et le min’yō. Entonné par les pêcheurs ou les mineurs pour supporter leur labeur, ainsi que dans les fêtes populaires, accompagné de tambours, le min’yō est un folklore dans lequel Tanaka a puisé l’inspiration de son projet Minyo Crusaders, au moyen duquel il réconcilie son identité nippone et son goût pour les musiques du monde. L’album Echoes Of Japan exhume ces poèmes, chroniques du quotidien et des mythologies du monde rural, que Freddie Tsukamoto chante – en japonais – sur des orchestrations tantôt cumbia (« Kushimoto Bushi »), reggae (« Otemoyan »), salsa (« Tanko Bushi »), éthio-jazz (« Akita Nikata Bushi ») ou afro-funk (« Toichin Bushi »). Tout le charme de l’exotica réveillé par un carambolage malicieux.
Minyo Crusaders, Echoes of Japan (Mais Um)