Immersion fiévreuse dans les soirées du South East London avec le nouvel album de Nubiyan Twist : une jungle urbaine où la Néo-Soul, l'éthio-jazz, l'afrobeat et l'acid-jazz forment un entrelacs soudé et sans cesse surprenant.
Apparu à Leeds il y a quelques années dans le vivier fertile en virtuoses du Leeds College of Music, Nubiyan Twist est né des repérages opportuns de Tom Excell.
Guidé par les vibrations créatives, le guitariste et producteur, dont le spectre musical va de la soul à l’électronique, en passant par le hip-hop et les musiques latines et africaines, parcourait les jams dans l’idée de former une fine équipe : « Au début, on faisait des productions avec Joe et Nubiya au chant. On jouait dans des petits clubs et des soirées. Grâce à ça, on a pu contacter dans notre école beaucoup de chouettes musiciens dont certains venaient de Londres. On sortait beaucoup et on écoutait beaucoup de musiques ensemble, du dub, de l’afrobeat, du jazz, du grime… Ça nous a aidé à confronter nos univers pour devenir ce que nous sommes ».
La bande fonda rapidement son propre studio dans l’Oxfordshire. Baptisé Henwood Studios, ce lieu de création a vu le jour grâce à un héritage au bénéfice de Joe Henwood (saxophoniste baryton de la formation) qui décida d’utiliser ce lègue pour rénover une grange et acheter des équipements analogiques et numériques par élan pour la musique. Tom revient sur cet épisode : « Joe nous a permis de réaliser notre rêve d’avoir notre propre studio. Aujourd’hui c’est un endroit fantastique, le lieu parfait pour se laisser porter par notre créativité »
C’est en ces lieux que, emmené par une liberté totale, Nubiyan Twist produisit rapidement un premier EP synonyme d’un début de reconnaissance pour leurs mélodies intriquées de multiples influences.
Jungle Run, leur nouvel album, s’aventure dans un mélange audacieux dont la diversité atteint des résultats pas si communs. A chaque morceau sa surprise et son influence supplémentaire par rapport au précédent. Nubiyan Twist rappelle à certains moments la néo-soul de Hiatus Kaiyoté et fait des références directes à l’ethio-jazz, à l’afrobeat à d’autres, avec l’honneur d’être accompagnés par les fondateurs respectifs de ces deux traditions africaines : Mulatu Astatké pour le premier, sur « Addis To London », Tony Allen pour le second, sur « Ghost ». De ces deux rencontres, Tom Excell dit qu’elles furent « naturelles » : « Ils ont beaucoup aimé notre vision de la musique, notre façon d’amener leur groove dans l’époque actuelle. » Fiers d’être accompagnés par de telles légendes, les anglais ont aussi eu le flair d’inviter Kweku OF Ghana sur « Basa Basa » (« le chaos » en français) un titre construit sur les rythmes du highlife.
Plus qu’un univers sonore luxuriant et pétri d’influence, la musique de Nubiyan Twist semble avoir été pensée comme un moyen d’emmener les auditeurs vers un questionnement sur le monde qui nous entoure et notre rapport à l’autre. En témoignent la bossa cosmique « Borders », sur laquelle Pilo Adami s’est improvisé percussionniste ; le titre éponyme « Jungle Run » ou les très enivrants « Brother » et « Permission » : « Cet album peut s’apparenter à une expérience sociale inspirée par les comportements humains, nos combats, nos convictions et nos échanges. Il s’agit de connecter différentes personnes et cultures tout en explorant le parcours des individus. Nubiya aborde ces sujets d’une très belle manière, sa poésie et sa voix donne une saveur spéciale à l’album ».
Nubiyan Twist se fait aussi bien le relais du cri de la nature que de la voix éraillée de la ville arachnéenne. Canopée hermétique et milieu urbain bétonné s’entrechoquent, fulminent et se sondent pour enfin découvrir qu’ils sont frères dans ce nouvel album nommé Jungle Run.
Nubiyan Twist, Jungle Run (Strut Records)