Avec De Bassari Togo de l’Orchestre Abass, le label Analog Africa nous offre cette fois-ci une plongée afrofunk dans l’âge d’or d’une « Islamic Funk Belt » encore largement méconnue.
La magie de chaque nouvelle sortie du label Analog Africa réside en sa capacité à exhumer des merveilles des recoins les plus inattendus du grand continent de la Black Atlantic Music. Mais aussi, et peut-être surtout, à nous en conter les merveilleuses histoires.
Celle de l’Orchestre Abass prend corps au coeur de l’« Islamic Funk Belt », une zone des plus dansantes englobant les nords du Ghana-Togo-Bénin et le sud du Burkina Faso où des ensembles comme Super Borgou de Parakou, Napo de Mi Amor ou Hamad Kalkaba, fils de l’enseignement des écoles coraniques, chantaient en fon [langue véhiculaire employée au Bénin, au Nigeria et au Togo] ou en mina [langue gobe parlée au sud-est du Togo et dans la province de Mono au Bénin] des hadith musulmans dans une verve funk impressionnante. En 1972, le groupe sortait une poignée de morceaux déjà tubesques chez Polygram, pilier de l’industrie musicale ouest-africaine à l’époque, avant de tomber dans l’oubli suite à l’assassinat à la grenade de Malam Issa Abass, leader, guitariste et organiste du groupe.
En master ès-digging, Samy Ben Redjeb a retrouvé leurs traces dans un entrepôt d’Accra au Ghana en 2008, dans un état de conservation si remarquable qu’il décida de les rééditer. De Bassari Togo réunit « un échantillon représentatif de rythme à la fois contagieux, vifs et palpitants destiné à vous remuer, à vous inspirer ! », soit six titres superbes aux orchestrations élémentaires mais riches d’influences, entre highlife et afrobeat, à l’image de l’hypnotique « Haka Dunya » emmenés par des cris dignes de James Brown ou « Honam », un titre inédit débusqué quant à lui à Sotobua, une petite ville au nord du Togo.
* “A fair sampling of infectious, lively and pulsating rhythms should excite and inspire” – from the booklet.
Orchestre Abass, De Bassari Togo (Analog Africa)
