Le rap alternatif sert souvent de point de départ aux discussions sur le chaos politique et les tensions sociétales. Avec Banba EP, Ric Wilson ne cherche pas à s’attaquer aux grands sujets qui assombrissent notre existence. Plutôt espiègle, il veut nous rappeler que, même si nous ne vivions pas ces temps incertains, avoir 22 ans est difficile.
Banba EP, produit par le label Innovative Leisure de Los Angeles, jette la lumière sur le conflit moral et le développement personnel. Dans « Split », Wilson fait face à un cœur tiraillé dans deux directions différentes, sur une production saccadée de son collaborateur, Hirsch.
Avec « Sinner », Wilson concède qu’il « devrait être fidèle à [sa] meuf, mais l’infidélité c’est mieux », contrebalançant son dilemme avec un refrain aux légers échos de gospel, « Je suis incapable de me reconnaître en ce moment / pardonne-moi mes péchés / Je ne pense pas être prêt à me coucher ». Du point de vue du son, Ric Wilson s’inspire de l’influence du rap mélodique de ses frères et sœurs de Chicago, même si, sans oublier « Don’t Rush » avec son bruissement de clarinette et le groove de sa guitare principale, Wilson se fait l’écho d’aspirations qui sont tout autant proches d’Anderson .Paak qu’elles le sont de son idole de Chicago, Chance the Rapper.
D’ailleurs, au sujet de Chance, Wilson a suivi la même voie. C’est un ancien élève des Young Chicago Authors, une initiative visant les jeunes qui a également soutenu les débuts de Vic Mensa et Jamila Woods avec leurs ateliers sur le storytelling et la poésie.
Banba EP fait indéniablement montre de moments accrocheurs et d’un lyrisme plein d’esprit. Il témoigne de la créativité d’un artiste qui découvre encore son propre espace, mais avec prudence. Il est évident que ce rappeur-producteur, qui milite pour l’abolition du système carcéral, a encore beaucoup à dire – s’il parvient à trouver le courage nécessaire pour.
Ric Wilson, Banba EP (Innovative Leisure)