Fahmi Alqhai Koury, qui est d’origine syrienne mais vit à Séville depuis l’âge de onze ans, est un virtuose de la viole de gambe passé par la formation Hespèrion XXI de Jordi Savall ; Rocio Marquez, elle, est une des voix majeures actuelles du flamenco. Loin de tout cross over malséant, ils renouent avec les stigmates de l’histoire et le monde sonore du pourtour de la Méditerranée et de l’Amérique Latine.
Ils redessinent les temps d’Al – Andalus, cet âge d’or de la période médiévale durant laquelle musiciens d’origine musulmane, juive et chrétienne inventaient un langage ouvert. Chacun s’évade peu ou prou de son territoire musical de prédilection pour démontrer que le flamenco et la musique baroque fonctionnent sur des intentions communes et avec des règles harmoniques et structurelles proches.
C’est somme toute une question de respiration, de pulsation et d’expressivité. La viole de gambe chante ici comme un violoncelle et les subtilités de la musique baroque entrent en empathie avec les sensibilités populaires. L’ensemble sonne rêche et abrupt mais toujours d’une manière profondément humaine. C’est bizarrement à la fois atemporel, ancré dans l’histoire et actuel.
Rocío Márquez & Fahmi Alqhai, Dialogos de viejos y nuevos sones (ViaVox/L’Autre Distribution)
