Galt Mcdermot, le compositeur de la musique de Hair est décédé lundi dernier à l’âge de 89 ans.
Si la fameuse comédie musicale (symbole de l’aventure hippie) reste son œuvre la plus connue, son répertoire copieux fourmille de bien d’autres grooves singuliers et inépuisables. Le natif de Montréal, également pianiste, a étudié la musique jusqu’en Afrique du Sud avant de se faire remarquer avec la composition African Waltz interprétée par Cannonbal Adderley et primé d’un Grammy en 1960. Durant cette décennie, Galt MacDermot ne fait pas que signer les musiques de spectacles cultes sur Broadway, il enregistre aussi un album de jazz solo Shapes Of Rythm, influencé de rythmes latin et parfumé de clavier Rhodes inspirés. C’est sur ce disque que l’on retrouve « Coffee Cold », classique à la rythmique terrienne et à la mélodie élégante, une composition sans âge au point d’être reprise encore récemment par le groupe BadBadNotGood.
Dans les années 70, MacDermot travaille aussi pour le cinéma, on retiendra particulièrement la bande originale du film blaxploitation, Cotton Comes To Harlem, à laquelle il apporte cette touche à la fois funky et enjouée que l’on retrouve déjà dans ses comédies musicales.
A la fin de la décennie, Hair va prendre une dimension supplémentaire, certes la chanson « Ain’t Got/ I Got Life » a été reprise en 1968 par Nina Simone (et ce de façon sublime) mais le succès de l’adaptation cinéma en 1979 du spectacle, déjà culte à Broadway, va donner une portée autrement plus grande aux thèmes écrits par MacDermot. Durant cette même période, ce dernier forme le New Pulse Jazz Band, une équipe de pointures, qui réunit entre autres, le batteur Bernard Purdie et le bassiste Wilbur Basscomb, avec plusieurs albums à la clé mélangeant différentes approches du jazz.
Une mine de samples
L’œuvre du compositeur a par ailleurs marqué durablement la musique hip-hop, ses compositions ont été samplées, bouclées et découpées par les producteurs hip-hop les plus talentueux, des années 90 jusqu’à aujourd’hui. De Buckwild à Jay Dee en passant par Mf Doom, il n’y a qu’à faire un tour sur la base de données WhoSampled pour se rendre compte à quel point le travail de Galt MacDermot a une place de choix dans les trouvailles des beatmakers. Pas conservateur pour un sou, le monsieur a même travaillé en collaboration avec Stones Throw et Oh No (le frère de Madlib) en 2005 pour le projet Exodus Into Unheard Rhythms, album solide enregistré avec des rappeurs de première classe invités, uniquement composé de samples piochés dans les musiques de MacDermot.
Pour explorer plus encore les liens entre la musique rap et la discographie de l’artiste, on peut se (re)plonger dans le documentaire Looking 4 Galt, réalisé en 2014 par le média français Gasface, une sorte de puzzle un peu fou pour remonter à la source, notamment à travers des interviews de grands noms du hip-hop, tel que Pete Rock ou Prince Paul.