Quelques mots sur le bonhomme, au sujet duquel on pourrait noircir des pages. Ayant débuté sa carrière dans le rhythm’n’blues dès l’âge de 12 ans, en 1954, Jerry Williams s’est longtemps heurté au music business, au point de se choisir un alter ego en 1970, Swamp Dogg, inspiré par le LSD, les satires de Zappa et les mouvements révolutionnaires. Total Destruction to Your Mind, enregistré à Muscle Shoals, inaugura un catalogue de Southern soul excentrique, entremêlant sexe et politique, sur les pochettes desquels il posait en caleçon ou chevauchait un rat. De quoi lui éviter tout succès. Une vingtaine d’albums plus tard, on le retrouve aujourd’hui, à 76 ans, en peignoir au bord d’une piscine vide. Le titre est explicite : sur Love, Loss and Auto-Tune, il chante les déboires amoureux avec une voix systématiquement passée sous un filtre numérique. Signée Ryan Olson (Gayngs) et Justin Vernon (Bon Iver), la production rappelle celle de Richard Russell et Damon Albarn pour The Bravest Man in the Universe de Bobby Womack (2012). Soit une soul synthétique brillante, à laquelle Swamp Dogg ajoute son second degré dévastateur.
Swamp Dogg, Love, Loss and Auto-Tune (Joyful Noise / Differ-Ant)