L’attention portée à Monk au festival de jazz de Londres en 2017 a été une juste célébration de sa place dans le panthéon de la musique moderne. Ce concert de Copenhague, en 1963 vaut de l’or dans la mesure où il présente un des meilleurs petits groupes qu’il a dirigés : le saxophoniste ténor Charlie Rouse, le contrebassiste John Ore et le batteur Frankie Dunlop, c’est-à-dire le quartet qui a sublimé les classiques Monk’s Dream et Criss Cross.
La salle était un club appelé Old Fellow Palaeet et ce qui ressort immédiatement est le son immaculé, rehaussé par la re-masterisation analogique de Gearbox, donnant l’impression que le groupe est pratiquement dans votre pièce d’entrée. L’éclat piquant des originaux de Monk tels que « Nutty » et « Bye Ya », avec leurs rythmiques rondes, est plus vital que jamais, et tous les joueurs réagissent admirablement aux rebondissements inimitables du pianiste. Quant à la lecture par Monk d’essentiels de l’American Songbook telles que « Body And Soul », elle marque son don pour une personnalisation ironique des thèmes célestes. Le paradis sonore est ici bas.
Thelonious Monk, Mønk (Gearbox)