Dans les pas de Ramón Montoya et Paco de Lucía, le guitariste catalan Juan Gómez « Chicuelo » est sans conteste l’un des meilleurs de sa génération. Il offre au flamenco contemporain ses nouvelles expressions avec Uña y Carne, un troisième album solo puissamment habité.
Si le natif de Barcelone s’est fait un nom en accompagnant les grandes voix flamencas de Duquende ou de Miguel Poveda – le frottant aussi au cinéma, à la danse et à la poésie soufie, Chicuelo s’affirme dans Uña y Carne comme un compositeur des plus accomplis, guitariste dans l’âme et funambule technicien ici porté par la finesse de ses instincts. Libre et ardent, le flamenco de Chicuelo traverse harmonies et polyrythmies pour livrer une splendide collection de bulerías aux paumes claquées, sevillanas aux c(h)œurs gitans, rumbas ou rondeñas toutes personnelles, sans que le lyrisme des violons tangueros ni les cuivres aux éclats jazz n’en déshonorent les formes originelles. « Les mains trouvent toujours le moyen de jouer ce que le cœur veut exprimer » aimait à dire Paco de Lucía, porte-flambeau du renouveau flamenco dont peut sans ambage se réclamer le prodigieux Chicuelo.
Chicuelo – Uña y Carne (Accords Croisés / PIAS)
En concert le vendredi 15 février au Bal Blomet à Paris dans le cadre du festival Au Fil des Voix.