Goran Kajfeš et la vie sauvage : voilà ce que donne à entendre Into The Wild, nouveau-né du trompettiste suédois multi-primé qui contribue depuis près de trois décennies à la vitalité de la scène contemporaine scandinave, loin de s’être borné au jazz dont il explore passionnément les marges et les croisements. Nourri aux orages de Mingus et à l’élégance du Duke, Goran Kajfeš s’amuse à l’envi des pulsations d’un monde qu’il sait vibrant.
A l’image de “White Sand”, où des animaux semblent s’échapper de sa trompette émérite, éléphants et oiseaux lointains dissimulés dans l’impénétrable tapisserie faite de motifs hypnotiques à la Bo Hansson, voire à la Steve Reich, forêts électro-hallucinées et rythmes déferlants déroulés par Tropiques, quartet d’habitués complice de certains projets parallèles – Nacka Forum et Subtropic Arkestra, exception faite d’Alexander Zethson, parfait au Korg comme à l’orgue, et du grand compositeur Christer Bothén à la clarinette basse, réjouissant lorsqu’il rhabille “So Don” au n’goni. L’ensemble, épique et cohérent, parfois délicieusement dissonant, témoigne d’une grande liberté créative ici encore renouvelée : une belle échappée.
Goran Kajfeš – Into The Wild