L’oxymore de l’album n’évoque pas la complexité. Au contraire, Kiefer prône l’honnêteté artistique. Dans la lignée de son opus précédent, Happysad se veut une documentation musicale d’un journal intime à la croisée du jazz et du hip hop. Un fidèle de Dilla et Glasper, le californien gravite autour des grands du moment, Anderson.Paak, Karriem Riggins, Terrace Martin ou encore Kaytranada.
D’abord remarqué pour sa collaboration avec MNDSGN, Kiefer fait ici le choix de l’émancipation. Pianiste confirmé, ses émotions naviguent au gré de ses beats. C’est nostalgique à souhait, totalement décontracté, parfois teinté d’optimisme, une écoute qui sied à toutes les humeurs. Loin d’un processus répétitif comme peut parfois l’être le sampling, ses phrasés écrits ou improvisés nourrissent les morceaux et leur donnent une texture nouvelle.
Sa musique se suffit à elle-même, et pourtant lui ambitionne le beatmaking au sens traditionnel : s’effacer et laisser d’autres s’exprimer sur sa musique. Qui peut le plus peut le moins.
Kiefer, Happysad (Stones Throw Records)
Concerts :
Friday, 28th September 2018, Pop-Up !, Paris, France