Fondé par Jordi Pujol il y a 25 ans, Fresh Sound New Talent, basée à Barcelone, a une réelle force lorsqu’il s’agit de découvrir de jeunes musiciens de jazz, en particulier des pianistes. Brad Mehldau, Ethan Iverson, Robert Glasper et Joshua White font tous partie de l’histoire du label. Arrive Richard Sears, basé à Brooklyn. Bien qu’il soit encore dans la première phase de sa carrière, ses collaborations sont pour le moins considérables : sideman de Joshua Redman, Ralph Alessi et, peut-être le plus prestigieux, membre du quatuor dirigé par la légende de la batterie Billy Hart. Ce qui fait totalement sens lorsqu’on considère le continuum musical entre ce groupe et celui que Sears présente ici.
Pensez à un feu tranquille, à des sons qui fument au lieu de brûler, aussi intimes qu’intenses. Sears préfère les accords minutieux plutôt que les solos démonstratifs, et son trio, Guilhem Flouzat (batterie) et Martin Nevin (contrebasse), ainsi que deux invités, le saxophoniste Dayna Stephens et le multi-instrumentiste Sam Gendel, jouent avec une sensibilité éclatante qui évite le piège d’être trop discret pour son propre bien.
Essentiellement en down-tempo, la matière a un lyrisme qui interroge, aussi dérangeant qu’apaisant, et la capacité de Sears à créer de la mélodie et du rythme avec des excentricités accrocheuses est constante tout au long du set. Le meilleur exemple est le backbeat merveilleusement déséquilibré de « Goldfish », au lointain écho de ragga-calypso, dansable sans nécessairement répondre aux définitions modernes de la musique dansante. Bien que les petits groupes historiques de Shorter, Lloyd et Marsh soient révélateurs de cette œuvre, il existe une saveur distincte des artistes FSNT des années 90 tels que le sous-estimé Reid Anderson. Une forte présence d’un compositeur-improvisateur à la force de caractère correspondant à sa richesse d’idées.
Richard Sears, Guilhem Flouzat, Martin Nevin, Constant Stranger [Fresh Sound New Talent]
